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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/336

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Quand un homme est pâmé, et qu’il ne rend plus aucun témoignage de vie, on lui met la main sur le cœur, et pour peu que l’on y sente de mouvement, on juge qu’il est en vie et que, par le moyen de quelque eau précieuse et de quelque épithème, on peut lui faire reprendre force et sentiment. Ainsi arrive-t-il quelquefois que, par la violence des tentations, il semble que notre âme est tombée en une défaillance totale de ses forces, et que comme pâmée elle n’a plus ni vie spirituelle ni mouvement ; mais si nous voulons connaître ce que c’en est, mettons la main sur le cœur : considérons si le cœur et la volonté ont encore leur mouvement spirituel, c’est-à-dire s’ils font leur devoir à refuser de consentir et suivre la tentation et délectation ; car pendant que le mouvement du refus est dedans notre cœur, nous sommes assurés que la charité, vie de notre âme, est en nous, et que Jésus-Christ notre Sauveur se trouve dans notre âme, quoique caché et couvert ; si que, moyennant l’exercice continuel de l’oraison, des sacrements et de la confiance en Dieu, nos forces reviendront en nous et nous vivrons d’une vie entière et délectable.


CHAPITRE VI

COMME LA TENTATION ET DÉLECTATION PEUVENT ÊTRE PÉCHÉ


La princesse de laquelle nous avons parlé ne peut mais de la recherche déshonnête qui lui est faite, puisque,