bien aisé, de ne le point diffamer, mais malaisé de ne le point mépriser.
Bref, ces menues tentations de colères, de soupçons, de jalousie, d’envie, d’amourettes, de folâtrerie, de vanités, de duplicités, d’afféterie, d’artifices, de cogitations déshonnêtes, ce sont les continuels exercices de ceux mêmes qui sont plus dévots et résolus : c’est pourquoi, ma chère Philothée, il faut qu’avec grand soin et diligence nous nous préparions à ce combat ; et soyez assurée qu’autant de victoires que nous rapportons contre ces petits ennemis, autant de pierres précieuses seront mises en la couronne de gloire, que Dieu nous prépare en son paradis. C’est pourquoi je dis, qu’attendant de bien et vaillamment combattre les grandes tentations, si elles viennent, il nous faut bien et dignement défendre de ces menues et faibles attaques.
CHAPITRE IX
Or donc, quant à ces menues tentations de vanité, de soupçon, de chagrin, de jalousie, d’envie, d’amourettes, et semblables tricheries qui, comme mouches et moucherons, viennent passer devant nos yeux, et tantôt nous piquer sur la joue, tantôt sur le nez, parce qu’il est impossible d’être tout à fait exempt de leur importunité, la meilleure résistance qu’on leur puisse faire, c’est de ne s’en point tourmenter ; car tout cela ne peut nuire, quoi-