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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/346

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et affaiblissez votre vanité, en sorte que quand la tentation viendra, votre inclination ne la pourra pas tant favoriser, et vous aurez plus de force pour la combattre.

Si vous êtes inclinée à l’avarice, pensez souvent à la folie de ce péché qui nous rend esclaves de ce qui n’est créé que pour nous servir ; qu’à la mort aussi bien faudra-t-il tout quitter, et le laisser entre les mains de tel qui le dissipera, ou auquel cela servira de ruine et de damnation, et semblables pensées. Parlez fort contre l’avarice, louez fort le mépris du monde, violentez-vous à faire souvent des aumônes et des charités, et à laisser écouler quelques occasions d’assembler.

Si vous êtes sujette à vouloir donner ou recevoir de l’amour, pensez souvent combien cet amusement est dangereux, tant pour vous que pour les autres ; combien c’est une chose indigne de profaner et employer à passe-temps la plus noble affection qui soit en notre âme ; combien cela est sujet au blâme d’une extrême légèreté d’esprit. Parlez souvent en faveur de la pureté et simplicité de cœur, et faites aussi le plus qu’il vous sera possible des actions conformes à cela, évitant toutes afféteries et muguetteries.

En somme, en temps de paix, c’est-à-dire lorsque les tentations du péché, auquel vous êtes sujette, ne vous presseront pas, faites force actions de la vertu contraire, et si les occasions ne se présentent, allez au-devant d’elles pour les rencontrer ; car par ce moyen vous renforcerez votre cœur contre la tentation future.