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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/361

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l’amour de Dieu. 3. Mais après cela, parlant généralement et pour l’ordinaire, recevons humblement ces grâces et faveurs et les estimons extrêmement grandes, non tant parce qu’elles le sont en elles-mêmes, comme parce que c’est la main de Dieu qui nous les met au cœur ; comme ferait une mère, qui pour amadouer son enfant, lui mettrait elle-même les grains de dragée en bouche, l’un après l’autre, car si l’enfant avait de l’esprit, il priserait plus la douceur de la mignardise et caresse que sa mère lui fait, que la douceur de la dragée même. Et ainsi, c’est beaucoup, Philothée, d’avoir les douceurs ; mais c’est la douceur des douceurs de considérer que Dieu, de sa main amoureuse et maternelle, les nous met en la bouche, au cœur, en l’âme, en l’esprit. 4. Les ayant reçues ainsi humblement, employons-les soigneusement, selon l’intention de Celui qui les nous donne. Pourquoi pensons-nous que Dieu nous donne ces douceurs ? pour mous rendre doux envers un chacun et amoureux envers lui. La mère donne la dragée à l’enfant, afin qu’il la baise : baisons donc ce Sauveur qui nous donne tant de douceur. Or, baiser le Sauveur, c’est lui obéir, garder ses commandements, faire ses volontés, suivre ses désirs : bref, l’embrasser tendrement avec obéissance et fidélité. Quand donc nous aurons reçu quelque consolation spirituelle, il faut ce jour-là se rendre plus diligents à bien faire et à nous humilier. 5. Il faut, outre tout cela, renoncer de temps en temps à telles douceurs, tendretés et consolations, séparant notre cœur d’icelles et protestant, qu’encore que nous les acceptions humblement et les aimions, parce que Dieu nous les envoie et qu’elles nous provoquent à son amour, ce ne sont néanmoins pas