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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/366

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dans mon jardin ; et ses bonnes affections répandront l’odeur de suavité ».

3. Allez à votre confesseur ; ouvrez-lui bien votre cœur ; faites-lui bien voir tous les replis de votre âme ; prenez les avis qu’il vous donnera, avec grande simplicité et humilité : car Dieu qui aime infiniment l’obéissance, rend souvent utiles les conseils que l’on prend d’autrui, et surtout des conducteurs des âmes, encore que d’ailleurs il n’y eût pas grande apparence ; comme il rendit profitables à Naaman les eaux du Jourdain, desquelles Élisée, sans aucune apparence de raison humaine, lui avait ordonné l’usage.

4. Mais après tout cela, rien n’est si utile, rien si fructueux en telles sécheresses et stérilités, que de ne point s’affectionner et attacher au désir d’en être délivré. Je ne dis pas qu’on ne doive faire des simples souhaits de la délivrance ; mais je dis qu’on ne s’y doit pas affectionner, ains se remettre à la pure merci de la spéciale providence de Dieu, afin que tant qu’il lui plaira, il se serve de nous entre ces épines et parmi ces déserts. Disons donc à Dieu en ce temps-là : « O Père, s’il est possible, transportez de moi ce calice » ; mais ajoutons de grand courage : « Toutefois, non ma volonté, mais la vôtre soit faite » ; et arrêtons-nous à cela avec le plus de repos que nous pourrons ; car Dieu, nous voyant en cette sainte indifférence, nous consolera de plusieurs grâces et faveurs ; comme, quand il vit Abraham résolu de se priver de son enfant Isaac, il se contenta de le voir indifférent en cette pure résignation, le consolant d’une vision très agréable et par des très douces bénédictions. Nous devons donc en toutes sortes d’afflictions, tant