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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/386

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goutte d’eau de se tenir pour rien en comparaison de la mer, ni à une bluette ou étincelle de feu de se tenir pour rien au prix du soleil ; mais l’humilité gît à ne point nous surestimer aux autres et à ne vouloir pas être surestimé par les autres : à quoi en êtes-vous pour ce regard ?

5. Quant à la langue, vous vantez-vous point ou d’un biais ou d’un autre ? vous flattez-vous point en parlant ; de vous ?

Quant aux œuvres, prenez-vous point de plaisir contraire à votre santé ? je veux dire, de plaisir vain, inutile, trop de veillées sans sujet, et semblables.


CHAPITRE VI

EXAMEN DE l’ÉTAT DE NOTRE AME ENVERS LE PROCHAIN


Il faut bien aimer le mari et la femme d’un amour doux et tranquille, ferme et continuel, et que ce soit en premier lieu parce que Dieu l’ordonne et le veut. J’en dis de même des enfants et proches parents, et encore des amis, chacun selon son rang.

Mais, pour parler en général, quel est votre cœur à l’endroit du prochain ? L’aimez-vous bien cordialement et pour l’amour de Dieu ? Pour bien discerner cela, il vous faut bien représenter certaines gens ennuyeux et maussades ; car c’est là où on exerce l’amour de Dieu envers le prochain, et beaucoup plus envers ceux qui nous font du mal, ou par effet ou par paroles. Examinez bien si votre cœur est franc en leur endroit, et si vous avez grande contradiction à les aimer.