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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/388

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En nos désirs, touchant les biens, touchant les plaisirs, touchant les honneurs.

En la crainte des dangers de pécher et des pertes des biens de ce monde : on craint trop l’un, et trop peu l’autre.

En espérance, trop mise peut-être au monde et en la créature, et trop peu mise en Dieu et ès choses éternelles.

En la tristesse, si elle est trop excessive, pour choses vaines.

En la joie, si elle est excessive et pour choses indignes.

Quelles affections enfin tiennent notre cœur empêché ? quelles passions le possèdent ? en quoi s’est-il principalement détraqué ? Car par les passions de l’âme, on reconnaît son état en les tâtant l’une après l’autre : d’autant que, comme un joueur de luth pinçant toutes les cordes, celles qu’il trouve dissonantes il les accorde, ou les tirant ou les lâchant, ainsi, après avoir tâté l’amour, la haine, le désir, la crainte, l’espérance, la tristesse et la joie de notre âme, si nous les trouvons mal accordantes à l’air que nous voulons sonner, qui est la gloire de Dieu, nous pourrons les accorder, moyennant sa grâce et le conseil de notre père spirituel.