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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/392

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en celle des bêtes. O mon âme, tu es capable de Dieu, malheur à toi si tu te contentes de moins que de Dieu ! Élevez fort votre âme sur cette considération ; remontrez-lui qu’elle est éternelle et digne de l’éternité ; enflez-lui le courage pour ce sujet.


CHAPITRE XI

SECONDE CONSIDÉRATION : DE l’EXCELLENCE DES VERTUS


Considérez que les vertus et la dévotion peuvent seules rendre votre âme contente en ce monde ; voyez combien elles sont belles. Mettez en comparaison les vertus, et les vices qui leur sont contraires : quelle suavité en la patience au prix de la vengeance ; de la douceur, au prix de l’ire et du chagrin ; de l’humilité, au prix de l’arrogance et ambition ; de la libéralité, au prix de l’avarice ; de la charité, au prix de l’envie ; de la sobriété, au prix des désordres ! Les vertus ont cela d’admirable, qu’elles délectent l’âme d’une douceur et suavité nonpareille après qu’on les a exercées, où les vices la laissent infiniment recrue et malmenée. Or sus donc, pourquoi n’entreprendrons-nous pas d’acquérir ces suavités ?

Des vices, qui n’en a qu’un peu n’est pas content, et qui en a beaucoup est mécontent ; mais des vertus, qui n’en a qu’un peu, encore a-t-il déjà du contentement, et puis toujours plus en avançant. O vie dévote, que vous êtes belle, douce, agréable et souève : vous adoucissez