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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/400

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soyons toujours des Esaü, et nous nous trouverons des Jacob.

Il faut que tous ces exercices reposent dans le cœur, et que, nous ôtant de la considération et méditation, nous allions tout bellement entre les affaires et conversations, de peur que la liqueur de nos résolutions ne s’épanche soudainement, car il faut qu’elle détrempe et pénètre bien par toutes les parties de l’âme ; le tout néanmoins sans effort ni d’esprit ni de corps.


CHAPITRE XVII

RÉPONSE A DEUX OBJECTIONS QUI PEUVENT ÊTRE FAITES
SUR CETTE INTRODUCTION


Le monde vous dira, ma Philothée, que ces exercices et ces avis sont en si grand nombre, que qui voudra les observer, il ne faudra pas qu’il vaque à autre chose. Hélas ! chère Philothée, quand nous ne ferions autre chose, nous ferions bien assez, puisque nous ferions ce que nous devrions faire en ce monde. Mais ne voyez-vous pas la ruse ? S’il fallait faire tous ces exercices tous les jours, à la vérité ils nous occuperaient du tout ; mais il n’est pas requis de les faire, sinon en temps et lieu, chacun selon l’occurrence. Combien y a-t-il de lois civiles aux Digestes et au Code, lesquelles doivent être observées ! mais cela s’entend selon les occurrences, et non pas qu’il les faille toutes pratiquer tous les jours. Au demeurant, David, roi plein d’affaires très difficiles, pratiquait bien