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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/403

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qu’on s’est consacré à son amour d’une spéciale affection, est fort agréable à sa divine Majesté, qui ne veut point que l’on ait honte de lui ni de sa Croix ; et puis, elle coupe chemin à beaucoup de semonces que le monde voudrait faire au contraire, et nous oblige de réputation à la poursuite. Les philosophes se publiaient pour philosophes, afin qu’on les laissât vivre philosophiquement ; et nous devons nous faire connaître pour désireux de la dévotion, afin qu’on nous laisse vivre dévotement. Que si quelqu’un vous dit que l’on peut vivre dévotement sans la pratique de ces avis et exercices, ne le niez pas ; mais répondez amiablement que votre infirmité est si grande, qu’elle requiert plus d’aide et de secours qu’il n’en faut pas pour les autres.

Enfin, très chère Philothée, je vous conjure par tout ce qui est de sacré au ciel et en la terre, par le baptême que vous avez reçu, par les mamelles que Jésus-Christ suça, par le cœur charitable duquel il vous aima et par les entrailles de la miséricorde en laquelle vous espérez, continuez et persévérez en cette bienheureuse entreprise de la vie dévote. Nos jours s’écoulent, la mort est à la porte : « La trompette, dit saint Grégoire Nazianzène, sonne la retraite ; qu’un chacun se prépare, car le jugement est proche ». La mère de Symphorien, voyant qu’on le conduisait au martyre, criait après lui : « Mon fils, mon fils, souvienne-toi de la vie éternelle ; regarde le ciel et considère Celui lequel y règne ; la fin prochaine terminera bientôt la brève course de cette vie ». Ma Philothée, vous dirai-je de même, regardez, le ciel et ne le quittez pas pour la terre ; regardez l’enfer, ne vous y jetez pas pour les moments ; regardez Jésus--