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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/54

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notre bien meilleur ; et quand il nous arrivera quelque infirmité, il empêchera qu’elle ne soit pas à la mort, car il nous en relèvera.

Mais qui trouvera cet ami ? Le Sage répond : « Ceux qui craignent Dieu » ; c’est-à-dire, les humbles qui désirent fort leur avancement spirituel. Puisqu’il vous importe tant, Philothée, d’aller avec un bon guide en ce saint voyage de dévotion, priez Dieu avec une grande instance qu’il vous en fournisse d’un qui soit selon son cœur, et ne doutez point ; car, quand il devrait envoyer un ange du ciel, comme il fit au jeune Tobie, il vous en donnera un bon et fidèle.

Or, ce doit toujours être un ange pour vous : c’est-à-dire, quand vous l’aurez trouvé, ne le considérez pas comme un simple homme, et ne vous confiez point en icelui ni en son savoir humain, mais en Dieu, lequel vous favorisera et parlera par l’entremise de cet homme, mettant dedans le cœur et dedans la bouche d’icelui ce qui sera requis pour votre bonheur ; si que vous le devez écouter comme un ange qui descend du ciel pour vous y mener. Traitez avec lui à cœur ouvert, en toute sincérité et fidélité, lui manifestant clairement votre bien et votre mal, sans feintise ni dissimulation : et par ce moyen, votre bien sera examiné et plus assuré, et votre mal sera corrigé et remédié ; vous en serez allégée et fortifiée en vos afflictions, modérée et réglée en vos consolations. Ayez en lui une extrême confiance mêlée d’une sacrée révérence, en sorte que la révérence ne diminue point la confiance, et que la confiance n’empêche point la révérence ; confiez-vous en lui avec le respect d’une fille envers son père, respectez-le avec la confiance d’un fils