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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/75

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offensé mon Dieu ? Vous verrez que nous avons quitté Dieu pour néant. Au contraire, la dévotion et les bonnes œuvres vous sembleront alors si désirables et douces : et pourquoi n’ai-je suivi ce beau et gracieux chemin ? Alors les péchés qui semblaient bien petits paraîtront gros comme des montagnes, et votre dévotion bien petite.

3. Considérez les grands et langoureux adieux que votre âme dira à ce bas monde : elle dira adieu aux richesses, aux vanités et vaines compagnies, aux plaisirs, aux passetemps, aux amis et voisins, aux parents, aux enfants, au mari, à la femme, bref, à toute créature ; et, en fin finale, à son corps, qu’elle délaissera pâle, hâve, défait, hideux et puant.

4. Considérez les empressements qu’on aura pour lever ce corps-là et le cacher en terre, et que, cela fait, le monde ne pensera plus guère en vous, ni n’en sera plus mémoire, non plus que vous n’avez guère pensé aux autres : Dieu lui fasse paix, dira-t-on, et puis, c’est tout. O mort, que tu es considérable, que tu es impiteuse !

5. Considérez qu’au sortir du corps, l’âme prend son chemin ou à droite ou à gauche. Hélas, où ira la vôtre ? quelle voie tiendra-t-elle ? non autre que celle qu’elle aura commencée en ce monde.

Affections et résolutions

1. Priez Dieu et vous jetez entre ses bras. Las ! Seigneur, recevez-moi en votre protection pour ce jour effroyable ; rendez-moi cette heure heureuse et favorable, et que plutôt toutes autres de ma vie me soient tristes et d’affliction.