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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/78

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4. Ce souverain Juge, par son commandement redoutable et qui sera soudain exécuté, séparera les bons de mauvais, mettant les uns à sa droite, les autres à sa gauche ; séparation éternelle, et après laquelle jamais plus ces deux bandes ne se trouveront ensemble.

5. La séparation faite et les livres des consciences ouverts, on verra clairement la malice des mauvais et le mépris dont ils ont usé contre Dieu ; et d’ailleurs, la pénitence des bons et les effets de la grâce de Dieu qu’ils ont reçue, et rien ne sera caché. O Dieu, quelle confusion pour les uns, quelle consolation pour les autres !

6. Considérez la dernière sentence des mauvais : « Allez, maudits, au feu éternel qui est préparé au diable[1] et à ses compagnons ». Pesez ces paroles pesantes. « Allez », dit-il : c’est un mot d’abandonnement perpétuel que Dieu fait de tels malheureux, les bannissant pour jamais de sa face. Il les appelle « maudits » : o mon âme, quelle malédiction ! malédiction générale, qui comprend tous les maux ; malédiction irrévocable, qui comprend tous les temps et l’éternité. Il ajoute, « au feu éternel » : regarde, o mon cœur, cette grande éternité. O éternelle éternité des peines, que tu es effroyable !

7. Considérez la sentence contraire des bons : « Venez ! dit le Juge ; ah, c’est le mot agréable de salut, par lequel Dieu nous tire à soi et nous reçoit dans le giron de sa bonté ; « bénis de mon Père » : o chère bénédiction, qui comprend toute bénédiction ! « possédez le royaume qui

  1. Pour le diable.