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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/11

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de Sales, en changeant quelques termes et expressions de son Introduction, qu’en la traduisant, en une langue étrangère ? Et vaut-il mieux qu’il parle Italien à Rome, Allemand à Vienne, ou Espagnol à Madrid, que de parler comme nous parlons maintenant en France ? Un tel respect seroit tout semblable à celui qu’un homme auroit pour un riche trésor qu’il laisseroit enfoui, plutôt que de s’en servir utilement : et cette respectueuse piété ne seroit guère agréable à ce grand Saint, ni conforme à ses intentions. Il a écrit pour sanctifier non- seulement son siècle, mais encore les siècles suivans ; et comme il ne pouvoit ignorer que la langue française ne fût sujette à beaucoup de mutations, ne doit-on pas raisonnablement présumer qu’il a laissé la liberté de faire à son livre les changemens qui paroitroient nécessaires pour en conserver l’utilité ? En effet, qui peut douter que si nous possédions encore sur la terre ce grand Saint, qui fut aimé de Dieu et des hommes, il n’y mit lui-même la main ? E ton doit le croire d’autant plus sûrement, qu’il ne s’est en quelque manière excusé dans sa préface, avec beaucoup d’humilité, de n’avoir pas ménagé en cet Ouvrage tout l’ordre et toute l’exactitude de la composition, ni les ornemens de la langue, que parce qu’il n’en a pas eu le temps.

Le véritable respect qu’on devoit à l’ouvrage de saint François de Sales, étoit premièrement de n’y faire aucun changement