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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/133

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plaisir de l’aimer, ne se lassent jamais de penser à lui, et d’en parler ; et voudroient, s’ils étoient les maîtres des cœurs de tous les hommes, y graver le saint et sacré nom de Jésus. Ainsi n’y a-t-il rien hors d’eux qui ne leur fournisse quelque attrait du divin : amour, et qui ne leur annonce les louanges de leur bien-aimé : oui, dit saint Augustin, après saint Antoine, tout ce qui est dans le monde leur en parle, à la vérité, d’un langage muet, mais fort intelligible à leur esprit et leur cœur forme de ces paroles et de ces pensées les aspirations amoureuses et les douces saillies qui les élèvent à Dieu : en voici quelques exemples.

Saint Grégoire, évêque de Nazianze, se promenant un jour sur le rivage de la mer, comme il le raconta à son peuple, considéra fort à loisir toutes sortes de coquillages que les vagues y laissoient, et que d’autres flots ramenoient avec eux alternativement ; et en même-temps il admira aux environs la stabilité des rochers, contre lesquels la mer venoit battre impétueusement. A cette vue, il pensa que c’étoit là justement le caractère des âmes foibles et superficielles qui se laissent emporter, tantôt à la joie, et tantôt à la tristesse, cédant indifféremment aux mouvemens des événemens divers de la vie ; et le caractère des âmes généreuses et constantes, que rien n’est capable d’ébranler. Et puis son cœur profitant de cette pensée, s’éleva à Dieu, et lui fit dire comme