Aller au contenu

Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ceux qui ont traité de la dévotion, ont eu presque tous en vue l’instruction des personnes qui sont fort retirées du commerce du monde : ou du moins ils ont enseigné une sorte de dévotion qui conduit à cette retraite entière et universelle. Pour moi, je me suis proposé d’instruire les personnes qui vivent dans les villes, dans leurs ménages, et même à la cour, qui sont obligées par leur condition à un certain dehors d’une vie commune, et qui souvent, sous le prétexte d’une prétendue impossibilité, ne veulent par seulement penser à essayer ce que c’est que la vie dévote. Elles veulent toujours croire que comme aucun animal n’ose goûter de la graine de la plante que les naturalistes appellent Palma Christi, nul homme occupé des affaires du siècle ne doit aspirer à la palme de la piété chrétienne. Mais qu’elles sachent que la grâce n’est pas moins féconde en ses ouvrages que la nature. Les mères perles se forment et se nourrissent dans la mer, sans en prendre une seule goutte d’eau ; tout amère et salée qu’elle est, on y trouve des sources d’eau douce vers les îles Chélidoines ; et les Piraustes volent au milieu des flammes sans se brûler les ailes : de même une âme soutenue par la généreuse résolution, peut vivre dans le commerce du monde sans en prendre l’esprit, goûter la douceur du service de Dieu parmi toutes les amertumes du siècle ; et à travers toutes ses convoitises les plus ardentes, s’élever à Dieu par les désirs, sincères de son amour. Il est vrai que cela porte de grandes difficultés, et c’est pourquoi je voudrais bien qu’on s’appliquât, avec plus d’ar-