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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/170

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doit s’attacher particulièrement à celles qui sont les plus essentielles aux devoirs de sa vocation.

Entre les vertus qui ne regardent pas notre devoir particulier, il faut préférer les plus excellentes aux plus apparentes ; et l’on peut s’y tromper beaucoup : les comètes nous paroissent ordinairement plus grandes que les étoiles, quoiqu’elles ne leur soient nullement comparables, ni en grandeur ni en qualité ; et elles ne sont telles à nos yeux, que parce qu’elles sont plus près de nous, et dans un sujet plus matériel et plus grossier. Il y a aussi des vertus qui paroissent beaucoup plus grandes que d’autres aux âmes vulgaires, et qui emportent toujours la préférence dans leur estime : mais ce n’est que par la raison que ces vertus étant plus près de leurs yeux, tombent davantage sous leurs sens, et se trouvent plus conformes à leurs idées, qui sont fort matérielles. C’est de la que le monde préfère communément l’aumône corporelle à la spirituelle : les haires et les disciplines, les jeûnes et la nudité des pieds, les veilles et toutes les mortifications du corps, à la douceur, à la débonnaireté, à la modestie, et à toutes les mortifications de l’esprit et du cœur, lesquelles cependant sont d’une plus grande excellence et d’un plus grand mérite. Choisissez donc, Philothée, les vertus qui sont les meilleures, et non pas les plus estimées ; les plus ex-