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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/174

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assurer de la victoire de notre ennemi, acquérir une vertu que nous n’avions pas, et perfectionner beaucoup les autres. Si donc l’orgueil ou la colère m’attaque, il faut que je donne à mon cœur toute l’inclination et tout le penchant que je pourrai pour l’humilité et pour la douceur, et que j’y fasse encore servir mes exercices spirituels, l’usage des Sacremens, et les autres vertus, comme la prudence, la constance et la sobriété ; car, comme les sangliers, pour aiguiser leurs défenses, les frottent contre leurs autres dents, qui en même-temps se liment et s’affilent, de même l’homme qui a entrepris une vertu qu’il sait être la plus nécessaire à la défense de son cœur, doit s’attacher à s’y perfectionner par le secours même des autres vertus qui en deviennent aussi plus parfaites. Cela n’arriva-t-t-il pas à Jacob, qui étant principalement soutenu par la patience contre les tentations du démon, se trouva un homme parfait en toutes sortes de vertus ? Et bien plus, dit saint Grégoire de Nazianze, un seul acte de vertu, fait avec toute la perfection dont il est capable, et avec une excellente ferveur de charité, a quelquefois mis tout d’un coup une personne au comble de la sainteté ; et il cite sur cela la charitable et fidèle Rahab, qui parvint à un haut degré de fortune, pour avoir une seule fois exercé l’hospitalité envers quelques Israélites, avec beaucoup d’exactitude.