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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/176

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si fort l’âme de ces pauvres novices dans la perfection, qu’à force de les y porter, il les en éloignoit, et ils perdoient cœur et haleine, comme l’on dit, en se voyant poussés si vivement, semblables à des hommes que l’on presse de monter à la hâte une montagne fort escarpée. Vous voyez, Phiļothée, c’étoit le zèle très-ardent d’une parfaite pureté qui faisoit prendre cette méthode à ce grand Saint, et ce zèle étoit en lui une grande vertu ; mais une vertu qui ne laissoit pas d’avoir quelque chose de repréhensible. Aussi Dieu l’en corrigea-t-il par lui-même dans une merveilleuse appartition, répandant en son âme un esprit doux et miséricordieux, charitable et tendre ; de manière que le Saint condamnant cette sévère exactitude, eut toujours de la douceur et de la condescendance pour ceux qu’il dirigeoit, et se fit avec beaucoup de suavité tout à tous, afin de les gagner tous à Jésus-Christ. Saint Jérôme, qui a écrit la vie de sainte Paule, sa chère fille, y remarque trois sortes d’excès : l’un d’une austérité immodérée, l’autre d’une grande opiniâtreté à préférer en cela sa pensée au sentiment de saint Épiphane son Évêque, et le troisième, d’une tristesse démesurée, qui la mit plusieurs fois en danger de mourir elle-même à la mort de ses enfans et de son mari. Et puis ce Père s’écrie ; mais quoi, l’on dira que je laisse les louanges de cette