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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/181

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dit Jésus-Christ, vous posséderez vos ámes par la patience. C’est le grand bonheur de l’homme, Philothée, que de posséder son cœur : or, est-il qu’à proportion que la patience est plus parfaite en nous, nous le possédons plus parfaitement ; il faut donc perfectionner cette vertu en nous. Souvenez-vous encore que notre Sauveur nous ayant mérité les grâces du salut, par la patience de toute sa vie et de sa mort, nous devons aussi nous les appliquer par la patience la plus constante et la plus douce dans les afflictions, dans les misères et dans les contradictions de la vie.

Ne bornez pas votre patience à de certaines peines, mais étendez-la universellement à tout ce que Dieu vous enverra ou permettra qu’il vous vienne d’ailleurs. Il y a bien des gens qui veulent assez souffrir les peines, lesquelles portent quelque caractère d’honneur : avoir été blessé dans une bataille, y avoir été fait prisonnier en faisant bien son devoir, être maltraité pour la Religion, avoir perdu son bien pour une querelle d’honneur, dont on est sorti avec avantage ; tout cela leur est doux ; mais c’est la gloire qu’ils aiment, et non pas la peine. L’homme véritablement patient, porte avec une même égalité d’esprit les peines ignominieuses et celles qui sont honorables : être méprisé, blâmé et accusé pas des hommes vicieux et libertins, c’est un plaisir à une grande âme ; mais souffrir