Aller au contenu

Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je serois peu touché de cette médisance, si elle n’avoit pas trouvé de croyance dans les esprits. Il y en a beaucoup qui veulent bien souffrir une partie des incommodités inséparables de leurs peines, mais non pas toutes, et qui disent qu’ils ne s’impatientent pas d’être malades, mais de ce que par là ils causent de la peine aux autres, ou de ce que l’argent leur manque pour se faire aider. Or, je dis, Philothée, que la patience nous oblige à vouloir être malades comme Dieu le veut, de la maladie qu’il veut, au lieu où il veut, avec les personnes et dans toutes les incommodités qu’il veut ; et voilà la règle universelle de la patience. Quand il vous arrivera du mal, apportez-y tous les remèdes que vous pourrez, selon Dieu ; car, en attendre le soulagement sans vous aider vous-même, ce seroit tenter Dieu ; mais après cela, résignez-vous à tout ; et si les remèdes chassent le mal, remerciez-le avec humilité ; si le mal est plus fort que les remèdes bénissez-le avec patience.

Je me tiens au sentiment de saint Grégoire : lorsque l’on vous accusera, dit-il, d’une faute véritable, humiliez-vous-en, et confessez que vous méritez quelque chose de plus que cette confusion ; si l’accusation est fausse, justifiez-vous avec beaucoup de douceur, puisque vous devez cela à l’amour de la vérité, et à l’édification du prochain. Mais si votre justification