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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/186

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et la présence de Jésus, qui vivra en vous, remplira votre âme d’une joie ineffable que personne ne vous ravira jamais.

Quand vous serez malade, offrez vos douleurs, votre langueur et toutes vos peines à Jésus-Christ, le suppliant de les recevoir en union des mérites de sa passion. Souvenez-vous surtout du fiel qu’il prit pour l’amour de vous ; et, obéissant au Médecin, prenez et faites tout ce qu’il voudra pour l’amour de Dieu. Désirez la guérison pour le servir ; mais ne refusez point de languir long-temps dans votre mal pour lui obéir, et même disposez-vous à mourir, s’il le veut ainsi, pour aller jouir de sa glorieuse présence. Souvenez-vous, Philothée, que les abeilles vivent d’une nourriture fort amère, pendant qu’elles font leur miel, et que jamais nous autres, nous ne pouvons mieux remplir notre cœur de cette sainte suavité, qui est le fruit des vertus, que quand nous mangeons, avec patience, le pain amer des tribulations que Dieu nous envoie ; et plus elles sont humiliantes, plus notre vertu en devient excellente et douce à notre cœur.

Pensez souvent à Jésus crucifié ; considérez-le couvert de plaies, accablé d’opprobres et de douleurs, pénétré de tristesse jusqu’au fond de l’âme, dans un dépouillement et un abandonnement universel, chargé de calomnies et de malédictions ; alors vous avouerez que vos souffrances ne