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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/194

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nous connoîtrons bien que ce que nous faisons quand il est avec nous, n’est pas de notre façon ni de notre fonds ; véritablement nous jouirons du bien qu’il a mis en nous, et même nous nous en réjouirons, parce que nous le possédons ; mais nous en glorifions Dieu seul, parce qu’il en est l’auteur, C’est de la que la sainte Vierge publie que Dieu a opéré en elle de très-grandes choses, et elle ne le publie que pour s’en humilier tout ensemble, et pour l’en glorifier, Mon âme, dit-elle, glorifie le Seigneur, parce qu’il a opéré de grandes choses en moi.

Nous disons souvent que nous ne sommes rien, que nous sommes la misère même, et, comme le disoit saint Paul, l’ordure du monde ; mais nous serions bien marris que l’on nous prît au mot, et que les autres parlassent ainsi de nous. Au contraire, nous fuyons souvent pour faire courir après nous ; nous nous cachons afin que l’on nous cherche ; nous affectons de prendre la dernière place, pour passer avec plus d’honneur à la première. Le vrai humble ne fait pas semblant de l’être, et ne parle que fort peu de soi. Car l’humilité n’entreprend pas seulement de cacher les autres vertus, mais encore plus de se cacher soi-même ; et, si la dissimulation, le mensonge, le mauvais exemple étoient permis, elle feroit des actions de fierté et d’ambition pour se cacher jusques sous l’orgueil, et se dérober plus sûrement à la connois-