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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/216

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sagesse et avec modération ; et lorsque, par quelque imperfection ou par foiblesse, cette passion a surpris notre cœur, il vaut mieux la réprimer promptement que de la ménager ; car, pour peu qu’on lui donne de temps, elle se rend maîtresse de la place, et fait comme le serpent qui tire aisément son corps où il peut mettre la tête. Mais, comment, direz-vous, la pourrai-je bien réprimer ? Il faut, Philothée, qu’à la première atteinte que vous en ressentirez, vous ramassiez contre elle toutes les forces de votre âme, non pas d’une manière brusque et impétueuse, mais douce et efficace ; parce que, comme l’on voit dans les audiences du Barreau, que les huissiers font plus de bruit que ceux qu’ils veulent faire taire, il arrive aussi fort souvent, que voulant réprimer notre colère avec impétuosité, nous nous troublons davantage, et le cœur ainsi troublé, ne peut plus être maître de lui-même.

Après ce doux effort, pratiquez le conseil que saint Augustin donnoit dans sa vieillesse au jeune Évêque Auxilius : Faites, disoit-il, ce qu’un homme doit faire ; et si dans quelque occasion vous avez sujet de dire comme David, mes yeux sont troublés du feu d’une grande colère, recourez promptement à Dieu, et lui dites comme ce Prophète : Seigneur, ayez pitié de moi, afin qu’il étende sa main droite sur votre cœur pour y réprimer votre colère : je