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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/232

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entier ; mais pour, peu qu’ils aient été flétris ou entamés, l’unique moyen de les bien garder, c’est de les confire au sucre ou au miel. Je dis aussi que l’on a plusieurs moyens de conserver avec sûreté la chasteté, tandis qu’elle a toute son intégrité ; mais, quand elle l’a une fois perdue, rien ne peut plus la conserver qu’une solide dévotion, dont j’ai souvent comparé la douceur avec celle du miel.

Dans l’état de la virginité, la chasteté demande une grande simplicité d’âme, et une grande délicatesse de conscience pour éloigner toutes sortes de pensées curieuses, et pour s’élever au-dessus de tous les plaisirs sensuels, par un mépris absolu et entier de tout ce que l’homme au de commun avec les bêtes, et qu’elles ont même plus que lui. Que jamais donc ces âmes pures ne doutent en aucune manière que la chasteté ne leur soit incomparablement meilleure que tout ce qui est incompatible avec sa perfection : car, comme dit saint Jérôme, le démon ne pouvant souffrir cette salutaire ignorance du plaisir, tâche du moins d’en exciter le désir dans ces âmes, et leur en donne pour cela des idées si attirantes, quoique très-fausses, qu’elles en demeurent fort troublées ; parce qu’elles se laissent imprudemment aller, ajoute ce saint Père, à estimer ce qu’elles ignorent. C’est ainsi que tant de jeunes gens, surpris par une fausse