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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/252

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moins de nous, il y a plus de Dieu ; la simple et pure acceptation de sa volonté, rend la patience extrêmement pure.

Le second avantage consiste en ce qu’elle est une pauvreté vraiment pauvre ; je m’explique : une pauvreté estimée, louée, caressée, secourue et assistée, tient lieu de richesses, du moins elle ne fait pas un pauvre autant qu’il peut l’être ; mais une pauvreté méprisée, rejetée, reprochée et abandonnée, est la véritable pauvreté. Telle est pour l’ordinaire celle des séculiers ; car, comme ils ne sont pas pauvres par leur choix, mais par nécessité, on n’en fait pas grand cas ; et c’est par cette raison que leur pauvreté est plus pauvre que celle des Religieux, bien que celle-ci tire une grande excellence et un mérite singulier du choix que l’on en a fait, et du vœu par lequel on s’y est assujetti.

Ainsi, Philothée, ne vous plaignez pas de votre pauvreté ; car on ne se plaint que de ce qui déplait : et si la pauvreté vous déplait, vous n’êtes plus pauvre d’esprit, mais riche de cœur et d’affection. ·

Ne vous désolez point de ce que les secours nécessaires vous manquent ; car c’est en cela que consiste la perfection de la pauvreté : vouloir être pauvre, et n’en recevoir aucune incommodité, c’est une grande ambition ; oui, c’est vouloir l’honneur de la pauvreté, et la commodité des richesses.