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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/261

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cœur, par les atteintes les plus piquantes qu’il lui donnera ; alors chacun vous blâmera de ce que, par une téméraire confiance, vous aurez voulu recevoir et nourrir en votre cœur cette méchante passion qui vous aura fait perdre vos biens, votre honneur et votre âme.

O Dieu ! quel aveuglement que de risquer, comme au jeu, sur des gages si frivoles, ce que notre âme a de plus cher ! Oui, Philothée, car Dieu ne veut l’homme que pour son âme, et il ne veut l’âme que pour son amour. Hélas ! nous sommes bien éloignés d’avoir autant d’amour que nous en avons besoin ; je veux dire, qu’il s’en faut infiniment que nous en ayons assez pour aimer Dieu. Et cependant, misérables que nous sommes, nous le prodiguions avec un épanchement entier de notre cœur sur mille choses sottes, vaines et frivoles, comme si nous en avions de reste. Ah ! ce grand Dieu qui s’étoit réservé le seul amour de nos âmes, en reconnoissance de leur création, de leur conservation, de leur rédemption, exigera un compte bien rigoureux de l’usage et de l’emploi que nous en aurons fait. Que s’il doit faire une recherche si exacte des paroles oiseuses, que sera-ce des amitiés oiseuses, imprudentes, folles et pernicieuses ?

Le noyer nuit beaucoup aux champs et aux vignes, parce qu’étant fort gros et