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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/290

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louoit-on beaucoup saint Antoine et saint Romuald, de ce que toutes les austérités ne leur avoient rien fait perdre d’un air de civilité et de gaité qui ornoit leurs personnes et leurs discours. Réjouissez-vous avec ceux qui sont en joie ; et je vous le dis encore avec le saint Apôtre : Réjouissez-vous toujours, mais en Notre-Seigneur, et que votre modestie vous rende recommandable à tous les hommes. Pour vous réjouir en Notre-Seigneur, ce n’est pas assez que le sujet de votre joie soit licite, il doit encore être honnête ; ainsi tenez-vous bien aux règles de la modestie ; ne vous permettez jamais ces mauvaises insultes que l’on fait aux autres par manière de divertissement, et qui sont toujours répréhensibles ; faire tomber l’un, piquer l’autre, noircir celui-ci, faire du mal à un fou, tout cela est d’une joie sotte et maligne.

Mais outre la solitude intérieure dont je vous ai parlé, et que vous devez conserver en vous au milieu des conversations, vous devez aimer la solitude extérieure ; non pas jusqu’à la chercher dans les déserts, comme sainte Marie l’Égyptienne, saint Paul, saint Antoine, saint Arsène, et tant d’autres Solitaires ; mais pour avoir quelque temps que vous puissiez être à vous, soit en votre chambre ou dans votre jardin, ou ailleurs avec plus de liberté, et pour vous y occuper avec votre cœur de quelque bonne pensée ou de