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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/296

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Mais parlez de Dieu comme de Dieu, c’est-à-dire, avec un vrai sentiment de respect et de piété ; et n’en parlez pas, ni d’un air de suffisance, ni d’un ton de prédicateur, mais en esprit de charité, de douceur et d’humilité ; imitez en ce point l’Épouse des Cantiques, faisant couler du miel délicieux de la dévotion, et le goût des choses divines dans les cœurs, et priez Dieu secrètement qu’il lui plaise de répandre cette rosée sur l’âme des personnes qui vous écoutent ; surtout, ne leur parlez pas par manière de correction, mais par manière d’inspiration, et comme les Anges ; c’est-à-dire, avec une douceur toute angélique ; car il est surprenant de voir combien l’attrait des bonnes et saintes paroles, que l’esprit de suavité sait bien assaisonner, est puissant sur les cœurs.

Ne parlez donc jamais de Dieu, ni de la dévotion par manière d’acquit et d’entretien, mais toujours avec attention et dévotion ; et je vous le dis, pour vous précautionner contre une dangereuse vanité, à laquelle plusieurs personnes, qui font profession de piété, se laissent surprendre, c’est de dire à tous propos beaucoup de saintes et ferventes paroles par forme de discours, et sans aucune attention ; et après cela, l’on croit que l’on est tel que ces paroles le peuvent faire penser aux autres, et malheureusement cela n’est pas.