Aller au contenu

Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/336

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE XXXVII.

Des Désirs.


CHACUN sait bien qu’il ne faut désirer rien de vicieux ; car le désir du mal fait un méchant cœur : mais je vous dis plus, Philothée, qu’il ne faut rien désirer qui soit dangereux à l’âme, comme sont les bals, les jeux et les autres divertissemens, les honneurs et les charges, les visions et les extases ; d’autant que tout cela porte bien de la vanité, et est sujet à beaucoup de dangers et d’illusion. Ne désirez pas non plus les choses fort éloignées pour le temps, comme font plusieurs qui dissipent et fatiguent leur cœur inutilement, et le tiennent toujours exposé à de grandes inquiétudes. Si un jeune homme désire ardemment d’être pourvu d’une charge, avant que le temps en soit venu, de quoi, je vous prie, lui sert ce désir ? si une femme mariée désire d’être Religieuse, à quel propos ? si je désire d’acheter le bien de mon prochain, avant qu’il soit prêt de le vendre, n’est-ce pas perdre le temps ? si étant malade je désire de prêcher, ou de dire la sainte Messe, ou de visiter les autres malades, et de faire les exercices de ceux qui sont en santé, ces désirs ne sont-ils pas vains, puisque rien de tout cela n’est en mon pouvoir ? Cependant ces désirs inutiles occupent la place