Aller au contenu

Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/374

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cette belle âme par les douleurs, pensa inutilement la pouvoir vaincre par les plaisirs.

Le récit des tentations intérieures et extérieures, que Dieu permit au malin esprit de faire à sainte Catherine de Sienne, sur sa pudeur, est tout-à-fait surprenant, et l’on ne peut rien imaginer de plus horrible, que ce qu’elle souffrit dans ce combat spirituel, soit des suggestions de l’ennemi, à l’égard de l’imagination et du cœur, soit pour les yeux, à l’égard des représentations les plus infâmes, que les démons lui faisoient sous des figures humaines, soit encore par les paroles les plus abominables : or, quoique tout cet extérieur détestable ne lui frappât que les sens, son cœur toutefois en étoit si pénétré, qu’elle confesse elle-même qu’il en étoit tout rempli, et qu’il ne lui restoit rien en elle-même qui ne fût violemment agité de cette tempête, que la seule partie raisonnable de sa volonté. Cette épreuve dura long-temps, jusqu’à ce qu’enfin Notre-Seigneur lui ayant un jour apparu, elle lui dit ; ou étiez-vous, mon aimable Seigneur, quand mon cœur étoit plein de tant de ténèbres et d’ordures ? Sur quoi il lui répondit, j’étois, ma fille, dans ton cœur même ; et comment, répliqua-t-elle, habitez-vous en un tel cœur ? Alors Notre-Seigneur lui demanda, si ces dispositions fâcheuses avoient produit en elle quelque sentiment de plaisir ou de tristesse, de l’amertume