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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/378

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CHAPITRE VI.

Comment la tentation et la délectation peuvent être des péchés.


LA Princesse dont je vous ai parlé, ne peut être blamée de la recherche qui lui est faite, puisque nous avons supposé que c’est absolument contre ses intentions ; mais elle seroit coupable, si elle se l’étoit attiré par quelques manières qui eussent pu en faire venir la pensée ; et voilà comme la tentation est quelquefois un péché, par la raison qu’on se l’est attirée. Par exemple, un homme sait que le jeu excite aisément sa colère, que la colère le fait blasphémer, et que le jeu conséquemment est une vraie tentation pour lui : je dis que cet homme péche toutes les fois qu’il joue, et que les tentations qui lui arrivent au jeu le rendent coupable. Un autre sait qu’une certaine conversation lui est une occasion de quelque chute, s’il s’y engage volontairement, il est indubitablement coupable de la tentation qu’il y trouve.

Quand on peut éviter la délectation qui suit la tentation, c’est toujours un péché que de la recevoir ; mais plus ou moins considérable, à proportion que le plaisir que l’on y prend, et que le consentement que l’on y donne, est grand ou petit, d’une longue ou courte durée. Si cette Princesse