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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/419

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nous pouvons dire en ce temps-là, comme son Épouse sacrée : Je dors, mais mon cœur veille ; et s’il y a moins de goût, comme j’ai dit, à travailler de la sorte, il y a plus de mérite et de vertu ; mais le remède salutaire, c’est de soulager le corps, et de réparer ses forces pas une honnête récréation : ainsi saint François ordonnoit à ses Religieux de modérer si bien leurs travaux, que la ferveur de l’esprit n’en fût pas accablée. Ce glorieux Père fut une fois lui-même attaqué et agité d’une si profonde mélancolie, qu’il ne pouvoit s’empêcher de la faire paroitre à l’extérieur ; s’il vouloit converser avec ses Religieux, il ne le pouvoit ; et s’il s’en séparoit, il s’en trouvoit plus mal : l’abstinence et la macération de la chair l’accabloient, et l’Oraison ne le soulageoit nullement. Il fut deux ans en un état si fâcheux, qu’il lui sembloit que Dieu l’avoit abandonné ; mais après cette rude tempête qu’il soutint humblement, le Sauveur lui rendit en un moment une heureuse tranquillité.

Apprenons de là, que les plus grands serviteurs de Dieu sont sujets à ces épreuves, et que les autres ne doivent pas s’étonner, si quelquefois il leur en vient de pareilles.