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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/45

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cela se fit en un instant, et parfaitement, dans saint Paul ; et cela s’est encore fait dans sainte Magdeleine, sainte Pélagie, sainte Catherine de Sienne, et quelques autres Saints ou Saintes ; mais un tel avantage est un aussi grand miracle dans l’ordre de la grâce, que la résurrection d’un mort dans celui de la nature, et nous ne devons pas y prétendre. La guérison de l’âme, Philothée, comme celle du corps, est lente, ne s’avance que par degrés, peu à peu, avec peine et à loisir, et l’on croit même qu’elle n’en est que plus sûre ; car vous savez ce que dit le vieux proverbe, que les maladies viennent à cheval et en poste, et qu’elles s’en vont à pied et au petit pas : jugez ainsi des autres infirmités spirituelles.

Il faut donc ici, ô Philothée, beaucoup de patience et de courage : hélas ! que je plains ces personnes qui, se voyant sujettes à plusieurs imperfections, commencent après quelques mois de dévotion à s’inquiéter et à se troubler, prêtes qu’elles sont de succomber à la tentation, de tout quitter pour retourner sur leurs pas. Mais une autre extrémité aussi dangereuse, est celle de certaines âmes, qui, par une tentation contraire, se croient, dès les premiers jours, affranchies de leurs mauvaises inclinations ; qui pensent être parfaites sans avoir presque rien fait, et qui prenant le grand vol sans avoir d’ailes, s’élèvent à