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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/51

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mauvaises amours, prend un reste de plaisir à de vaines assiduités, et à des démonstrations trop vives d’estime et d’amitié. Hélas ! que ces pénitens et ces pénitentes sont dans un grand danger de leur salut !

Or, Philothée, puisque vous aspirez sincèrement à la dévotion, non-seulement vous devez quitter le péché, mais vous devez encore purifier votre cœur de toutes les affections qui en ont été les causes, ou qui en sont les effets ; car outre le danger de la rechute, il vous en resteroit une langueur d’âme et une pesanteur d’esprit, qui sont, comme je vous l’ai dit, incompatibles avec la Vie Dévote. Je compare ces âmes qui, après avoir quitté le péché, sont si languissantes et si pesantes dans le service de Dieu, aux personnes qui ont les pâles couleurs ; elles ne sont pas absolument malades, mais l’on peut dire que leur air, leurs manières et toutes leurs actions sont bien malades ; eļles mangent sans goût, elles rient sans joie, elles dorment sans repos, et elles se traînent plutôt qu’elles ne marchent. C’est de cette sorte que ces âmes, dans leurs exercices qui ne sont pas fort à compter, ni pour le nombre, ni pour le mérite, font le bien avec tant de dégoût et de lassitude d’esprit, qu’elles lui font perdre tout le lustre et toute la grâce que la ferveur donne aux actions de piété.