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Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 1, 1814.djvu/125

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DE L’ESPRIT DE CONVERSATION

CHAPITRE XI.

De l’esprit de conversation.


En orient, quand on n’a rien à se dire, on fume du tabac de rose ensemble, et de temps en temps on se salue les bras croisés sur la poitrine pour se donner un témoignage d’amitié ; mais dans l’occident on a voulu se parler tout le jour, et le foyer de l’âme s’est souvent dissipé dans ces entretiens où l’amour-propre est sans cesse en mouvement pour faire effet tout de suite et selon le goût du moment et du cercle où l’on se trouve.

Il me semble reconnu que Paris est la ville du monde où l’esprit et le goût de la conversation sont le plus généralement répandus ; et ce qu’on appelle le mal du pays, ce regret indéfinissable de la patrie, qui est indépendant des amis même qu’on y a laissés, s’applique particulièrement à ce plaisir de causer que les Français ne retrouvent