Aller au contenu

Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 1, 1814.djvu/194

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
DE L’ALLEMAGNE

qu’il falloit, autant qu’on le pouvoit, éviter de la peine aux enfants, changer en délassement toutes leurs études, leur donner de bonne heure des collections d’histoire naturelle pour jouets, des expériences de physique pour spectacle. Il me semble que cela aussi est un système erroné. S’il étoit possible qu’un enfant apprît bien quelque chose en s’amusant, je regretterois encore pour lui le développement d’une faculté, l’attention, faculté qui est beaucoup plus essentielle qu’une connoissance de plus. Je sais qu’on me dira que les mathématiques rendent particulièrement appliqué ; mais elles n’habituent pas à rassembler, apprécier, concentrer : l’attention qu’elles exigent est pour ainsi dire en ligne droite : l’esprit humain agit en mathématiques comme un ressort qui suit une direction toujours la même.

L’éducation faite en s’amusant disperse la pensée ; la peine en tout genre est un des grands secrets de la nature : l’esprit de l’enfant doit s’accoutumer aux efforts de l’étude, comme notre âme à la souffrance. Le perfectionnement du premier âge tient au travail, comme le perfectionnement du second à la douleur : il est à souhaiter sans doute que les parents et la destinée n’abusent pas trop de ce double secret ; mais il n’y a d’im-