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Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 1, 1814.djvu/202

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DE LII’ALLEMAGNE

la gradation dans l’enseignement. On a appliqué avec succès sa méthode à la grammaire, à la géographie, la musique ; mais il seroit fort à désirer que les professeurs distingués qui ont adopté ses principes les fissent servir à tous les genres de connoissances. Celle de l’histoire en particulier n’est pas encore bien conçue. On n’a point observé la dégradation des impressions dans la littérature comme celle des problèmes dans les sciences. Enfin il reste beaucoup de choses à faire pour porter au plus haut point l’éducation, c’est-à-dire l’art de se placer en arrière de ce qu’on sait pour le faire comprendre aux autres.

Pestalozzi se sert de la géométrie pour apprendre aux enfants le calcul arithmétique ; c’étoit aussi la méthode des anciens. La géométrie parle plus à l’imagination que les mathématiques abstraites. C’est bien fait de réunir autant qu’il est possible la précision de l’enseignement à la vivacité des impressions, si l’on veut se rendre maître de l’esprit humain tout entier ; car ce n’est pas la profondeur même de la science, mais l’obscurité dans la manière de la présenter qui seule peut empêcher les enfants de la saisir : ils comprennent tout de degrés en degrés : l’essentiel est de mesurer les progrès sur la marche de la raison dans