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Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 1, 1814.djvu/210

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DE L’ALLEMAGNE

mande qui s’occupe avec zèle de cultiver l’âme du peuple : c’est sous ce rapport que l’établissement de M. de Fellenberg m’a frappé. Beaucoup de gens y sont venus chercher de nouvelles lumières sur l’agriculture, et l’on dit qu’à cet égard ils ont été satisfaits ; mais ce qui mérite principalement l estime des amis de l’humanité, c’est le soin que prend M. de Fellenberg de l’éducation des gens du peuple ; il fait instruire, selon la méthode de Pestalozzi, les maîtres d’école des villages, afin qu’ils enseignent à leur tour les enfants ; les ouvriers qui labourent ses terres apprennent la musique des psaumes, et bientôt on entendra dans la campagne les louanges divines chantées avec des voix simples, mais harmonieuses, qui célébreront à la fois la nature et son auteur. Enfin M. de Fellenberg cherche par tous les moyens possibles à former entre la classe inférieure et la nôtre un lien libéral, un lien qui ne soit pas uniquement fondé sur les intérêts pécuniaires des riches et des pauvres.

L’exemple de l’Angleterre et de L’Amérique nous apprend qu’il suffit des institutions libres pour développer l’intelligence et la sagesse du peuple ; mais c’est un pas de plus que de lui donner par-delà le nécessaire en fait d’instruction. Le