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Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 1, 1814.djvu/254

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LA LITTÉRATURE ET LES ARTS

sage sur la terre ; et c’est déjà une preuve honorable de caractère, que diriger vers une même entreprise les rayons épars de ses facultés, et les résultats de ses travaux. De quelque manière qu’on juge les beautés et les défauts de la Messiade, on devroit en lire souvent quelques vers : la lecture entière de l’ouvrage peut fatiguer ; mais, chaque fois qu’on y revient, l’on respire comme un parfum de l’âme qui fait sentir de l’attrait pour toutes les choses célestes.

Après de longs travaux, après un grand nombre d’armées, Klopstock enfin termina son poëme. Horace, Ovide, etc., ont exprimé de diverses manières le noble orgueil qui leur répondoit de la durée immortelle de leurs ouvrages :[1]exegi monumentum œre perennius : et, nomenque erit indelebile nostrum. Un sentiment d’une toute autre nature pénétra l’âme de Klopstock quand la Messiade fut achevée. Il l’exprime ainsi dans l’ode au Rédempteur, qui est à la fin de son poème.

« Je l’espérois de toi, ô Médiateur céleste ! J’ai chanté le cantique de la nouvelle alliance. La

  1. J’ai érigé un monument plus durable que l’airain… le souvenir de mon nom sera ineffaçable.