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Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 1, 1814.djvu/324

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LA LITTÉRATURE ET LES ARTS

pensées vagues et profondes dont les derniers instants des chrétiens sont environnés prêtent plus à l’attendrissement qu’aux vives couleurs de l’imagination.

Klopstock a composé des odes religieuses, des odes patriotiques, et d’autres pleines de grâce sur divers sujets. Dans ses odes religieuses il sait revêtir d’images visibles les idées sans bornes ; mais quelquefois ce genre de poésie se perd dans l’incommensurable qu’elle voudroit embrasser.

Il est difficile de citer tel ou tel vers dans ses odes religieuses qui puisse se répéter comme une maxime détachée. La beauté de ces poésies consiste dans l’impression générale qu’elles produisent. Demanderoit-on à l’homme qui contemple la mer cette immensité toujours en mouvement et toujours inépuisable, cette immensité qui semble donner l’idée de tous les temps présents à la fois, de toutes les successions devenues simultanées ; lui demanderoit-on de compter, vague après vague, le plaisir qu’il éprouve en rêvant sur le rivage ? Il en est de même des méditations religieuses embellies par la poésie ; elles sont dignes d’admiration, y si elles inspirent un élan toujours nouveau vers une destinée toujours