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Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 1, 1814.djvu/328

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LA LITTÉRATURE ET LES ARTS

le dire à cette infortunée auroit un cœur de Romain.

D. Malheureuse fille, quel père t’a donné le jour ? Segeste[1], un traître, qui dans l’ombre aiguisoit le fer homicide. Oh ! ne le maudissez pas. Héla[2] déjà l’a marqué de son sceau.

W. Que le crime de Segeste ne souille point nos chants, et que plutôt l’éternel oubli étende ses ailes pesantes sur ses cendres ; les cordes de la lyre qui retentissent au nom d’Hermann seroient profanées si leurs frémissements accusoient le coupable. Hermann ! Hermann ! toi, le favori des cœurs nobles, le chef des plus braves, le sauveur de la patrie, c’est toi dont nos bardes, en chœur, répètent les louanges aux échos sombres des mystérieuses forêts.

Oh bataille de Winfeld[3] ! sœur sanglante

  1. Segeste, auteur de la conspiration qui fit périr Hermann.
  2. Héla, la divinité de l’Enfer.
  3. Nom donné par les Germains à la bataille qu’ils gagnèrent contre Varus.