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Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 1, 1814.djvu/33

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PRÉFACE

cette destinée : une volonté de plus, et le malheur seroit dompté.

La soumission d’un peuple à un autre est contre nature. Qui croiroit maintenant à la possibilité d’entamer l’Espagne, la Russie, l’Angleterre, la France ? — Pourquoi n’en seroit-il pas de même de l’Allemagne ? — Si les Allemands pouvoient encore être asservis, leur infortune déchireroit le cœur ; mais on seroit toujours tenté de leur dire, comme mademoiselle de Mancini à Louis XIV, Vous êtes roi, Sire, et vous pleurez, vous êtes une nation, et vous pleurez !

Le tableau de la littérature et de la philosophie semble bien étranger au moment actuel ; cependant il sera peut-être doux à cette pauvre et noble Allemagne de se rappeler ses richesses intellectuelles au milieu des ravages de la guerre. Il y a trois ans que je désignois la Prusse et les pays du nord qui l’environnent comme la patrie de la pensée ; en combien d’actions généreuses