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Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 1, 1814.djvu/334

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LA LITTÉRATURE ET LES ARTS

illuminée, où le feu, le bal et les festins font succéder des plaisirs faciles aux plaisirs conquis sur les rigueurs même de la nature.

L’ode à Ebert sur les amis qui ne sont plus mérite aussi d’être citée. Klopstock est moins heureux quand il écrit sur l’amour ; il a, comme Dorat, adressé des vers à sa maîtresse future, et ce sujet maniéré n’a pas bien inspiré sa muse : il faut n’avoir pas souffert pour se jouer avec le sentiment, et quand une personne sérieuse essaie un semblable jeu, toujours une contrainte secrète l’empêche de s’y montrer naturelle. On doit compter dans l’école de Klopstock, non comme disciples, mais comme confrères en poésie, le grand Haller, qu’on ne peut nommer sans respect, Gessner, et plusieurs autres qui s’approchoient du génie anglais par la vérité des sentiments, mais qui ne portoient pas encore l’empreinte vraiment caractéristique de la littérature allemande.

Klopstock lui-même n’avoit pas complètement réussi à donner à l’Allemagne un poëme épique sublime et populaire tout à la fois, tel qu’un ouvrage de ce genre doit être. La traduction de l’Iliade et de l’Odyssée, par Voss, fit connoître Homère autant qu’une copie calquée peut rendre l’original ; chaque épithète y est conservée, cha-