Il est impossible que les écrivains allemands, ces hommes les plus instruits et les plus méditatifs de l’Europe, ne méritent pas qu’on accorde un moment d’attention à leur littérature et à leur philosophie. On oppose à l’une qu’elle n’est pas de bon goût, et à l’autre qu’elle est pleine de folies. Il se pourroit qu’une littérature ne fût pas conforme à notre législation du bon goût, et qu’elle contînt des idées nouvelles dont nous pussions nous enrichir en les modifiant à notre manière. C’est ainsi que les Grecs nous ont valu Racine, et Shakespear plusieurs des tragédies de Voltaire. La stérilité dont notre littérature est menacée feroit croire que l’esprit français lui-même a besoin maintenant d’être renouvelé par une sève plus vigoureuse ; et comme l’élégance de la société nous préservera toujours de certaines fautes, il nous importe surtout de retrouver la source des grandes beautés.
Après avoir repoussé la littérature des Allemands
au nom du bon goût, on croit pouvoir
aussi se débarrasser de leur philosophie au nom
ajouter ; mais les gendarmes envoyés par le ministre de la police firent l’office de censeurs d’une façon plus brutale, en mettant le livre entier en pièces.