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Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 1, 1814.djvu/72

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DE L’ALLEMAGNE

honneur dans leur pays. Une femme allemande disoit avec une expression mélancolique : « Je ne sais à quoi cela tient, mais les absents me passent de l’âme. » Une Française auroit exprimé cette idée plus gaiement, mais le fond eût été le même.

Ces ridicules qui font exception n’empêchent pas que parmi les femmes allemandes il y en ait beaucoup dont les sentiments soient vrais et les manières simples. Leur éducation soignée et la pureté d’âme qui leur est naturelle rendent l’empire qu’elles exercent doux et soutenu ; elles vous inspirent chaque jour plus d’intérêt pour tout ce qui est grand et généreux, plus de confiance dans tous les genres d’espoir, et savent repousser l’aride ironie qui souffle un vent de mort sur les jouissances du cœur. Néanmoins on trouve très-rarement chez les Allemandes la rapidité d’esprit qui anime l’entretien et met en mouvement toutes les idées ; ce genre de plaisir ne se rencontre guère que dans les sociétés de Paris les plus piquantes et les plus spirituelles. Il faut l’élite d’une capitale française pour donner ce rare amusement : partout ailleurs on ne trouve d’ordinaire que de l’éloquence en public, ou du charme dans l’intimité. La conversation, comme talent, n’existe qu’en