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Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 1, 1814.djvu/82

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DE L’ALLEMAGNE

devoirs positifs ; les Allemands se croient plus engagés par les affections que par les devoirs. Ce que nous avons dit sur la facilité du divorce en est la preuve ; chez eux l’amour est plus sacré que le mariage. C’est par une honorable délicatesse sans doute qu’ils sont surtout fidèles aux promesses que les lois ne garantissent pas : mais celles que les lois garantissent sont plus importantes pour l’ordre social.

L’esprit de chevalerie règne encore chez les Allemands pour ainsi dire passivement ; ils sont incapables de tromper, et leur loyauté se retrouve dans tous les rapports intimes ; mais cette énergie sévère, qui commandoit aux hommes tant de sacrifices, aux femmes tant de vertus, et faisoit de la vie entière une œuvre sainte où dominoit toujours la même pensée ; cette énergie chevaleresque des temps jadis n’a laissé dans l’Allemagne qu’une empreinte effacée. Rien de grand ne s’y fera désormais que par l’impulsion libérale qui a succédé dans l’Europe à la chevalerie.