Aller au contenu

Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 1, 1814.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
VIENNE

Le premier de ces édifices est la tour de Saint-Étienne : elle s’élève au-dessus de toutes les églises de Vienne, et domine majestueusement la bonne et paisible ville, dont elle a vu passer les générations et la gloire. Il fallut deux siècles, dit-on, pour achever cette tour commencée en 1100 ; toute l’histoire d’Autriche s’y rattache de quelque manière. Aucun édifice ne peut être aussi patriotique qu’une église ; c’est le seul dans lequel toutes les classes de la nation se réunissent, le seul qui rappelle non-seulement les événements publics, mais les pensées secrètes, les affections intimes que les chefs et les citoyens ont apportées dans son enceinte. Le temple de la divinité semble présent comme elle aux siècles écoulés.

Le tombeau du prince Eugène est le seul qui, depuis long-temps, ait été placé dans cette église ; il y attend d’autres héros. Comme je m’en approchois, je vis attaché à lune des colonnes qui l’entourent un petit papier sur lequel il étoit écrit qu’une jeune femme demandait qu’on priât pour elle pendant sa maladie. Le nom de cette jeune femme n’étoit point indiqué ; c’étoit un être malheureux qui s’adressoit à des êtres inconnus, non pour des secours, mais pour des prières, et tout cela se passoit à côté d’un illustre mort qui avoit