Aller au contenu

Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 2, 1814.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
196
LA LITTÉRATURE ET LES ARTS

fortunée qui te présage déjà de nouvelles douleurs ?

MARGUERITE.

Malheur ! malheur ! comment échapper aux pensées qui naissent dans mon âme et se soulèvent contre moi ?

LE CHOEUR (chante dans l’église).

Dies iræe, dies illa,
Solvet sæcclum in favilla[1].


LE MAUVAIS ESPRIT.

Le courroux céleste te menace, Marguerite, les trompettes de la résurrection retentissent ; les tombeaux s’ébranlent, et ton cœur va se réveiller pour sentir les flammes éternelles.

MARGUERITE.

Ah ! si je pouvois m’éloigner d’ici ! les sons de cet orgue m’empêchent de respirer, et les chants des prêtres font pénétrer dans mon âme une émotion qui la déchire.

LE CHOEUR.

Judex ergo cùm sedebit,
Quidquid latet apparebit ;
Nil inultum remanebit[2]


  1. Il viendra le jour de la colère, et le siècle sera
    réduit en cendre.

  2. Quand le Juge suprême paroîtra, il découvrira tout
    ce qui est caché, et rien ne pourra demeurer impuni.