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Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 2, 1814.djvu/63

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LES BRIGANDS ET D. CARLOS DE SCHILLER

gards fixés sur le corps immobile qu’animoient naguère tant de pensées, don Carlos, condamné lui-même à périr, apprend tout ce qu’est la mort dans les traits de son ami.

Il y a dans cette tragédie deux moines dont les caractères et le genre de vie sont en contraste : l’un c’est Domingo, le confesseur du roi ; et l’autre, un prêtre retiré dans un couvent solitaire, à la porte de Madrid. Domingo n’est qu’un moine intrigant, perfide et courtisan, confident du duc d’Albe, dont le caractère disparoît nécessairement à côté de celui de Philippe ; car Philippe prend à lui seul tout ce qu’il y a de beau dans le terrible. Le moine solitaire reçoit, sans les connoitre, don Carlos et Posa, qui se sont donné rendez-vous dans son couvent au milieu de leurs plus cruelles agitations. Le calme, la résignation du prieur qui les accueille produisent un effet touchant. « À ces murs, dit le pieux solitaire, finit le monde. »

Mais rien dans toute la pièce n’égale l’originalité de l’avant-dernière scène du cinquième acte, entre le roi et le grand-inquisiteur. Philippe poursuivi par sa jalouse haine contre son propre fils, et par la terreur du crime qu’il va commettre ; Philippe envie ses pages qui dorment